Les premiers essais

Très déçus lors de la projection en 1917 d’un film expérimental en couleur ‘Our Navy’ à la gloire de la marine américaine, Leopold Godowsky Junior et Leopold Mannes,tous deux musiciens,décidèrent de créer un nouveau procédé.

Ils ont inventé un  appareil photo et un projecteur équipés de 3 filtres : rouge,  vert et bleu et  en prenant 3 fois une photo en noir et blanc avec chaque filtre, la couleur était restituée. Le système fonctionnait mais était trop compliqué et donc non viable.

Ils comprirent que ce n’était pas au niveau des optiques qu’il fallait travailler mais au niveau de la pellicule.

L'invention

Alors qu’il était en route pour  en Europe un concert à la fin de 1922, Mannes rencontra par hasard un associé de la société d’investissement Kuhn, Loeb and Co. et décrivit leurs progrès avec la photographie couleur. Quelques mois plus tard, cet associé envoya un de ses assistants Lewis L. Strauss, assister à une démonstration. Très impressionné, il décida de financer cette ‘start-up’.
Grâce à ce soutien financier, nos 2 musiciens développèrent un laboratoire de chimie dédié et en 1924 ont déposé des brevets.
En 1930, Eastman Kodak a été tellement impressionné par les résultats qu’ils les ont engagés pour déménager à Rochester et profiter des installations de recherche de Kodak.
5 ans plus tard, Godowsky et Mannes et l’équipe de recherche de Kodak avaient développé un film couleur soustractif commercialisable pour les films personnels.
Le film Kodachrome était recouvert de trois couches d’émulsion de gélatine aux halogénures d’argent noir et blanc ordinaire, mais chaque couche était rendue sensible à seulement un tiers du spectre de couleurs, essentiellement au rouge, au vert et au bleu.

LeS HEURES DE GLOIRE

Le Kodachrome est le premier film couleur, qui utilise le procédé  de soustraction de la lumière . Les couleurs ne sont pas directement imprimées sur la pellicule, elles ne se révèlent qu’au moment du développement. Le traitement de la pellicule, appelé K-14, est donc très complexe et délicat. C’est pourquoi le film était vendu avec une enveloppe pour l’envoi dans les labos Kodak mais c’était également un incroyable marché captif.
Ce procédé donnait un grain très fin aux images et en réduisant les effets de la surexposition et de la sous-exposition, il rendait le film plus facile à utiliser pour les photographes peu expérimentés.
C’était donc le film favori des amateurs, d’autant que les professionnels boudaient la photo couleur jugée vulgaire,réservée à la presse, la publicité et les magazines de mode,donc considérée comme commerciale ou amateuriste. Le milieu de l’art est très critique. A l’époque le noir et blanc prédomine toujours :  Cartier Bresson décrit son travail couleur pour des magazines comme Paris Match comme une ‘concession’.
Pour la génération du baby-Boom, c’était le film par excellence, cela ne fait aucun doute ! C’est plus qu’une pellicule, c’est une icône de la pop culture. D’ailleurs Paul Simon en fait une chanson en 1973 et Netflix un film en 2017.

Le Déclin

Malgré sa qualité d’image exceptionnelle, Kodachrome a commencé à perdre de la popularité dans les années 1980 avec l’arrivée de la photographie numérique. En Juin 2009, Kodak a annoncé qu’il ne produirait plus de Kodachrome, qui ne représentait plus que 1% de son chiffre d’affaires , mettant fin à une histoire de 74 ans.
Le 30 décembre 2010, Dwayne’s Photo Service à Parsons (Kansas) l’unique laboratoire traitant encore les films Kodachrome a cessé d’assurer ce service. Le dernier rouleau a été développé pour le célèbre photographe Steve McCurry qui est venu l’apporter après avoir fait des photos en Inde, à New-York a fini la pellicule dans cette ville. En Juin 2011,  il a fait don des  36 dernières photos prises en Kodachrome au musée Kodak à Rochester.
En 2017 , une rumeur indiquait que Kodak travaillait sur une réintroduction du film mais la nécessité de récréer toute une infrastructure de laboratoires rendait le projet non viable.
Même si le Kodachrome n’est plus produit, il reste encore des milliards de diapositives prises sur ce film qui sont considérées comme des exemples de l’excellence de la photographie argentique